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dire « qui vont tout nus » ; car la nudité, sévèrement interdite par le Buddha, est une des observances caractéristiques de cet ordre monacal et mendiant. Mendiant aussi, le bouddhiste ne doit pas se séparer de sa robe jaune, qui le désigne au regard.

Dans cette immense littérature, il faut choisir. Les écrits jaïnistes ne sont encore que médiocrement connus et ne semblent guère nulle part sacrifier aux grâces. Sauf quelques ouvrages spéciaux, qui viendront en leur lieu, le canon sanscrit du bouddhisme ne diffère pas essentiellement du canon pâli, qui a bien davantage retenu l’attention des érudits. C’est donc celui-ci qu’on prendra pour type de la littérature bouddhiste. Il se compose de trois grandes collections, dite chacune Piṭaka « corbeille », savoir : Vinaya-Piṭaka, « le recueil de discipline » ; Sutta-Piṭaka[1], « le recueil d’instructions religieuses », et Abhidhamma-Piṭaka, « le recueil de métaphysique » ; la grande majorité de ces ouvrages est en prose, mais les parties gnomiques en stances d’une versification simple et aisée. Leur mérite littéraire, toutefois, n’est qu’un facteur fort secondaire de leur succès : pour l’apprécier avec justesse, il faut placer

  1. Le pâli sutta équivaut au sanscrit sûtra, et abhidhamma est en sanscrit abhidharma, dont l’élément dharma a été expliqué (p. 51). Mais, comme rédaction, il n’y a aucune analogie entre un Sutta et un Sûtra, ainsi qu’on s’en convaincra aisément par les spécimens ultérieurs (cf. p. 39 et 93). — L’ensemble des Livres saints forme le Tripiṭaka sanscrit ou Tipiṭaka pâli.