Page:Henry - Lexique étymologique du breton moderne.djvu/49

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
13
ANNÉÔ-ANV

Annéô, s. f., enclume, aussi annev, et annéan (V.), mbr. anneffn, corn. ennian, ir. indéin, d’une base celt. *ande-wen-i- qui signifierait « contre quoi on frappe ». V. le préf. sous *an- (4o). La rac. est WEN, zd vana-iti « il frappe », got. wun-d-s « blessé », ai. wund, ag. wound « blessure », etc. Cf. Osthoff, Idg. Forsch., IV, p. 275 ; mais aussi Stokes, p. 15.

Anneûen, s. f., trame, mbr. anneuffenn, cf. cymr. anwe. V. le préf. sous *an- (2o, 3o) et la rac. sous gwèa.

Annez, s. m., meuble, outil, mbr. anhez, abstrait de mbr. anhezaff > br. anneza « meubler », primitivement « se loger » : préf. *an- (3o), et *hez-, forme très pure du radical i.-e. SED « s’asseoir, s’établir »[1]. V. sous azéza.

Anô, adv., là (en composition) : dér. de 2 ann[2].

Anoued (C, V.), s. f., froidure : préf. *an- (3o) augmentatif, précédant un celt. d’ailleurs altéré *ouia et *ouktâ, qu’on retrouve dans l’ir. úacht, ócht, « froidure », et peut-être dans le zd aota « froid ».

Ansaô, ansav, s. m., aveu, reconnaissance : métathèse pour *az-anv (-hanv), soit une formation qui équivaut à peu près comme sens au lat. ad-nōmināre. Cf. *ad-, anaoué et hanô. — Conj.

Aṅt, s. m., tranchée, ride, cymr. nant « vallée »[3] : mot celtique, qui existait en gaulois, ainsi qu’en témoigne le fr. provincial nant « ruisseau » dans le Jura[4], mais sans équivalent connu ailleurs, à moins qu’on ne le rattache au sk. na>tà-, « courbé, incliné » < i.-e. nrn-tô-, rac. NEM. Antella, vb., tendre (un piège, un arc), cymr. annel « piège », annelu « tendre un piège », ir. indell, etc. : semblerait répondre à une forme actuelle *an-tenna, mais modifiée dès l’époque celtique par dissimilation des deux n. V. sous *an-, stén et tenna.

Aṅter, déaspiré pour haṅter. V. ce mot.

Aṅtrônôz, s. f., lendemain. V. sous trônôz

Anv, s. m., orvet, mbr. anaff, corn. anaf « lézard ». Le roman anvin (Bas-Maine âvê Dn) indique un empr. qui se rattache au lat. anguis.


    maintenue parce que le mot « ici » est habituellement accentué dans la phrase, tandis que l’article est atone.

  1. Le mot br. équivaut donc tout à fait à l’al. an-sitzen.
  2. L’élément dérivatif est analogue à celui du lat. in-de. Cf. enô.
  3. Le sens primitif et l’n initial conservés dans kornaṅdoun. V. ce mot, et pour la chute de l’n cf. 1 aer, etc. Le Dict. de Le Gon. donne même un mot naṅt « courant, torrent ».
  4. D’où le nom de la ville de Nantua.