Page:Henry - Lexique étymologique du breton moderne.djvu/67

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
31
BÉNI-BÉRED

Béni, s. f., bobine, cf. mbr. benny « bobine, corne, cornemuse » : dér. de bann. V. ce mot, et cf. biniou.

Bennâk, bennâg, quelconque : pour *pep-nàg. V. ces mots (la négation au sens simplement explétif ou indéfini qu’elle revêt aussi dans les phrases exclamatives).

Bennaz, bennoz, s. f., bénédiction, mbr. bennoez, corn. bennath, cymr. bendith. Empr. lat. altéré benedictio. Cf. binnizien.

Beṅs, s. f., vesce (aussi bes). Empr. fr., cf. beṅdel.

Beṅt, s. f., menthe. Empr. lat. mentha, et cf. bagol.

Beṅtonik, s. f., bétoine. Empr. lat. betonica, et cf. bens.

Benvek, s. m., outil, mbr. benhuec, corn. ancien binfic « beneficium », cymr. benffyg « prêt[1] ». Empr. lat. beneficium.

Béô, adj., vif, vivant, corn. et cymr. byw, ir. biu > beo, gael. beo, d’un celt. *biwo, rac. Gwl « vivre » : sk. jivà « vivant », gr. βίος (bios) « vie », lat. vivus, vita, lit. gywas et vsl. zivû « vivant », got. qius auquel se rattachent ag. quick « vif » et al. queck > keck « emporté », etc., etc. Cf. béd, bivik, boed, buan, bues, etc.

Béol, s. f., cuve, mbr. beaul, corn. et cymr. baiol. Empr. bas-lat. bajula. V. sous 2 baḷ[2].

Béon, s. m., étrape : peut se rattacher à la rac. de béna.

Béôtez, s. m., bette. Empr. lat. bèta ou fr. bette[3].

Bépred, adv., toujours : pour *pep-pred. V. ces mots.

Bér, s. m., broche, corn. et cymr. ber, vir. bir, ir. et gael. bior « aiguillon » : soit un celt. *gweru- > *beru-, lat. veru « broche », qui n’a point d’équivalent certain ailleurs (βαρύες· δένδρα (barues ; dendra) Hesych.).

Béra, vb., couler, br. bèrad « goutte », cymr. beru et dy-feru « couler ». — Étym. inc.[4].

Berboell, s. m., inconstance, légèreté. V. sous berr et poell.

Béred, s. f., cimetière, mbr. bezret, cymr. beddrod = beddrawd « chemin de tombes » (?) : composé, dont le premier terme est béz, et le second un

  1. La filière complète des sens est : « bienfait — prêt — objet prêté — objet susceptible de prêt — meuble — outil ».
  2. En d’autres termes, le breton a emprunté deux fois de suite le même mot : d’abord au bas-latin ; puis au français.
  3. Bretonisé par l’addition d’un suff. de nom féminin. Quant à eo pour e, c’est peut-être par vague influence de béô.
  4. On pourrait songer à la racine BHER. V. sous aber, gouer, etc., et cf. gr. φέρ-εσθαι (pher-esthai) « être emporté ». Mais le mot est trop isolé et la nuance de sens trop distincte.