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place, au risque de rencontrer les mêmes horreurs… Le sang, une fois bu par les yeux, excite une soif intarrissable. Elle se contente aujourd’hui de voir les hommes lutter contre les taureaux ; avec la répétition de ces scènes cruelles, les cœurs s’endurciraient, et viendrait une époque où, sans scrupules, les uns ressusciteraient les odieux combats des gladiateurs, les autres courraient avec fureur applaudir à ces jeux inhumains…

Au sein d’un pays comme le nôtre, où règne tant de mobilité dans l’ordre social, où les révolutions sont si faciles et fréquentes, il est bon de ne pas développer dans la nation des instincts farouches, dont elle pourrait abuser ensuite, dans un moment de trouble et de chaos, pour se déchirer elle-même, dans de sanglantes saturnales… »

Qu’ajouter à de si nobles et éloquentes paroles ? Rien, si ce n’est qu’elles sont restées impuissantes !

On voulait amuser le peuple : on a réussi. Et pourtant le spectacle espagnol n’a pas eu là tout l’attrait émouvant qu’il comporte : un homme blessé à mort, les affres de son râle et de son agonie.