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le cri des os brisés, le râle de l’agonie. Ils disent que la vue et l’odeur du sang ont des contagions redoutables. Leur protestation retentit dans le palais du Luxembourg.

Le Sénat proteste avec eux : il accueille une pétition généreuse, signée par l’honorable M. Doussault ; le 20 mars 1866, il entend le rapport approbatif et noblement énergique du comte Mimerel (de Roubaix), sur cette pétition, et la renvoie, avec une recommandation spéciale, au ministre de l’Intérieur.

L’occasion de donner une satisfaction tardive, mais, espérons-le, définitive aux sentiments d’humanité violés par les fêtes tauromachiques, tardera-t-il à se produire ? Non :

Au mois de mai suivant (1866), un maire — je rougis qu’il soit médecin, — autorise, encourage une troupe espagnole à donner, à Périgueux, le spectacle des taureaux à mort, dans un cirque immense, élevé pour la circonstance.

La corne aiguë des farouches animaux, les chevaux chancelants des picadors, la spada du matador, le poignard du cachetero, la foule avide d’émotions, tout est prêt pour ce carnage. Mais, sur la porte du toril, au moment de commencer la course, l’autorité municipale,