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dans la foule, parmi les étrangers, un sentiment de répulsion. Les timbales sonnent la mort. Tato s’avance au pied de la tribune municipale, et s’exprime ainsi : « Monsieur le gouverneur et toutes les autorités qui avez bien voulu m’appeler dans cette cité, et m’honorer de votre présence, je vous fais hommage de la vie de ce taureau que je vais sacrifier, avec votre permission, en l’honneur des jolies dames de Nîmes. »

L’espada plonge sa lame dans le cou de l’animal qui reste debout ; il n’est qu’à demi-mort. Un cri d’horreur s’élève ; Tato rejoint la victime qui s’est éloignée, et l’achève.

On amène un second taureau. Cette fois, c’est Recatero qui reprend l’épée, et s’avance. Les profondes piqûres des banderilles inondent déjà de sang la pauvre bête, qui beugle douloureusement, sans attaquer, sans se défendre. L’émotion du public devient générale. Recatero, troublé, frappe d’une main mal assurée son premier coup ; il retire sa lame fumante, rouge jusqu’à la garde ; mais le taureau, l’œil injecté, le regard terne et vitré, la bouche écumante, ne tombe pas : il reprend sa course pantelante ; le sang s’échappe de la plaie à gros bouillons. Un cri universel d’indignation, de dégoût, éclate