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Le grotesque et l’horrible se sont montrés dans cette farce lugubre, entourée de solennité. Des lazzis s’échangeaient ; des dames se sont évanouies, tant leur émotion était profonde ; et, non loin d’elles, une jeune fille de seize ans, Mlle R…, de Marseille, appartenant à une famille riche, considérée, et qu’il ne convient pas de désigner davantage, battait des mains, avec des cris d’enthousiasme et de passion. On l’a vue se lever, l’œil en feu, gesticuler, et jeter un beau porte-cigare à Tato, l’élégant égorgeur, si chéri des manolas de l’Andalousie.

Cet homme a reçu les félicitations du préfet, qui lui a remis, au nom de la ville, une couronne et une médaille d’or !

Deux ans se passent sans que cet outrage à la raison, à la morale, à tous les sentiments humains ose se reproduire. Au département des Landes était réservé le déshonneur de ramener en France des scènes hideuses que des esprits généreux s’efforcent d’abolir, même en Espagne, et que Juarez vient d’interdire, au Mexique[1]. Au mois de juillet 1865, dans l’arène de Mont-de-Marsan, seize chevaux sont

  1. La Liberté, 13 février 1868.