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brutales, le forçant à se traîner sous les coups et les mauvais traitements, sans merci aucune, tant qu’il n’a pas rendu le dernier soupir. Ce même animal, si misérable, et qu’on n’envisage aujourd’hui que comme un objet hideux et une charogne vivante, sera, au contraire, de même que la vieille vache, l’objet de quelques soins et de tous les ménagements propres à le remettre en bon état. On ne précipitera plus la fin d’une triste existence par des excès de travail et des cruautés. Le cheval passera donc ses derniers jours avec quelque douceur ; et le sort qui l’attendra sera bien plus conforme aux lois de l’humanité et de la raison, sous la hache du boucher que sous le couteau de l’équarrisseur. »

Ainsi donc, soustraire ces pauvres bêtes à leurs longues souffrances, en les assimilant aux autres animaux de boucherie, tel est le but qu’ont atteint les Sociétés allemandes : à Kœnigs-Baden, à Detmold, à Sigmarigen, à Weimar, à Vienne, à Lintz, sur bien d’autres points encore, elles ont, pour faire taire un préjugé, commencé par organiser des banquets de viande de cheval, où sont venus s’asseoir des centaines de convives. Celle de Hambourg a fait acheter, en une seule année (en 1853), cent soixante-quatorze chevaux vieux ou infirmes, ou maltraités, dont elle a livré la chair à bas prix et même gratuitement, après les avoir laissés reposer et les avoir soumis à un bon régime [1].

À Vienne, à Berlin, en Wurtemberg, en Bavière, dans le duché de Bade, en Saxe, dans le Hanovre ; à Schaffouse ; à Lausanne, en Suisse ; à Vilvorde, en Belgique, il y a aujourd’hui des boucheries de cheval[2]. Dans plusieurs villes, on en compte cinq, six, sept, huit, et presque toutes sont en prospérité. Dans la capitale de l’Autriche, pendant les trois pre-

  1. En Bavière, l’article 16 de la loi du 14 juin 1843 s’exprime ainsi : Défense est faite aux propriétaires de vendre les chevaux vieux et misérables, reconnus impropres à servir plus longtemps. L’autorité les fera abattre. S’il y a vente, le vendeur sera tenu de rembourser le prix d’achat, et devra payer, en outre, une amende de 1 krou-thaler (4 francs).
    En Wurtemberg, la vente des chevaux infirmes ou trop âgés est interdite. (Article 55 de la loi.)
  2. À Vilvorde, aux portes de Bruxelles, il existe un débit assez important où la viande de cheval se vend 14 centimes le demi-kilogramme. La classe ouvrière recherche avec empressement cet aliment. Un médecin de la localité, qui est en grande réputation, prend un vif intérêt à cette alimentation et la préconise. (Rapport sur les travaux du Conseil d’hygiène publique et de salubrité de la Seine (1858), par M. Ad. Trébuchet, secrétaire du conseil.)