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trop éloignés, on peut faire usage de cette viande en toute confiance.

En campagne, les armées qui sont l’objet des plus vives sollicitudes ne doivent pas se flatter d’avoir toujours la ration assurée pendant les marches et contremarches. Combien de fois n’ai-je pas vu nos troupes privées de viande ou n’en avoir que de très-médiocre qualité, lorsque, près de là, de bons chevaux tués par l’ennemi étaient abandonnés. En Crimée, n’a-t-on pas vu les Anglais souffrir de la privation de viande, tandis qu’ils en laissaient perdre des quantités considérables provenant de leurs chevaux ? Nos alliés n’ont pas su profiter des exemples donnés par l’illustre Larrey, en Egypte, dans l’île Lobau et ailleurs. La division d’Allonville, à Eupatoria, et la division d’Autemarre, à Baïdar, ont été mieux inspirées : elles ont su tirer parti de la viande de cheval.

Je fais des vœux ardents pour qu’en Pologne, en Amérique, et partout où il y a des guerres, les combattants ne se laissent pas souffrir de la faim à côté de chevaux tués ou gravement blessés.


VI

Des faits et des considérations contenues dans ce travail, je me crois autorisé à admettre qu’il y a assez de personnes au-dessus des préjugés, pour que la viande de cheval soit consommée et même recherchée, dès qu’il y en aura dans des boucheries. Oui, certes, Isidore Geoffroy Saint-Hilaire avait raison de dire : « N’est-il pas absurde de perdre chaque mois, par toute la France, des millions de kilogrammes de bonne viande, quand, par toute la France aussi, il y a des millions d’hommes qui manquent de viande. »

Afin de contribuer, pour ma faible part, à faire entrer la viande de cheval dans l’alimentation publique, j’offre :

Une prime de trois cents francs à celui qui, dans le courant de l’année 1864, ouvrira une boucherie de viande de cheval, en France ou en Algérie ;

Et une seconde prime de deux cents francs à celui qui, en 1864, ouvrira un restaurant de viande de cheval. Ces primes seront délivrées par l’entremise du trésorier de la Société protectrice des animaux, dans le deuxième mois qui suivra l’ouverture bien constatée de ces établissements.