Page:Herold La Vie du Bouddha.djvu/142

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

visse : « À ton tour, dit-il. — Comment me porteras-tu ? demanda l’écrevisse. — Je te prendrai dans mon bec, comme j’ai fait pour les autres, répondit la grue. — Non pas, répliqua l’écrevisse. Ma carapace est glissante ; je tomberais facilement de ton bec. Laisse-moi plutôt m’accrocher à ton cou, par la pince : j’aurai grand soin de ne pas te blesser. » La grue consentit. Elle s’arrêta au pied de l’arbre. « Que fais-tu ? dit l’écrevisse. Tu t’arrêtes à mi-chemin. Es-tu donc fatiguée ? La route cependant n’est pas longue entre les deux étangs. » La grue ne savait trop que répondre. L’écrevisse, d’ailleurs, commençait à lui serrer le cou. « Mais qu’aperçois-je ? continua-t-elle. Ce tas d’arêtes, au pied de l’arbre, me convainc de ta trahison. Tu ne me tromperas pas comme tu as trompé les autres poissons. Peut-être mourrai-je, mais non pas sans t’avoir tuée d’abord. » Et elle pinçait fortement la grue. La grue souffrait, et, les larmes aux yeux, elle criait : « Chère écrevisse, ne me fais pas de mal. Je ne te mangerai pas. Je te porterai à l’étang. — Va donc, » ordonna l’écrevisse. La grue alla jusqu’à l’étang ; elle étendit le cou, de manière que l’écrevisse n’eût plus qu’à se laisser choir dans l’eau. Mais l’écrevisse d’abord serra la pince, tellement que fut coupé le cou de la grue. Et le Dieu de l’arbre ne put