Page:Herold La Vie du Bouddha.djvu/152

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

assise sur le sol, et qui se lamentait. Il fut pris d’angoisse, et il dit : « Par des paroles pressantes je t’ai adjurée, reine chérie, de ne pas me suivre dans l’exil où je suis condamné ; tu ne m’as pas entendu. Lève-toi, maintenant : si rudes soient-elles, nos enfants ne doivent point pâtir de nos fatigues ; ne prenons garde, ni toi ni moi, à nos blessures. » Mâdrî s’aperçut alors de l’état où étaient les pieds de son mari. « Ah, s’écria-t-elle, qu’elles sont légères, mes souffrances, au prix des tiennes ! Je vaincrai ma douleur. » Elle voulut se lever, mais elle ne put y réussir, et elle se remit à gémir, disant : « Je n’ai plus de force ; l’amour même des miens ne suffit pas à soutenir mon courage. Je mourrai de faim et de soif dans cette affreuse contrée ; mes enfants mourront aussi, et, peut-être, mon bien-aimé. » Or, du ciel, Indra observait les actes de Viçvantara et des siens. La tristesse de Mâdrî l’émut. Il descendit sur la terre, il prit la figure d’un aimable vieillard et il alla au-devant du prince. Il montait un cheval rapide. Il aborda Viçvantara avec des paroles amènes. « À te voir, seigneur, on devine que tu as souffert les pires fatigues. Une ville est près d’ici. Je t’y conduirai, et, dans ma demeure, toi et les tiens vous reposerez aussi longtemps qu’il vous plaira. » Le vieillard souriait. Il invita les exilés à monter à