jeune femme qu’un rayon attendri caresse. »
Mais le prince ne souriait pas ; il n’était pas joyeux ; il songeait à la mort.
Il pensait : « Elles ne savent donc point, ces femmes, que la jeunesse est fugitive, que la vieillesse viendra, et qu’elle emportera leur beauté ! Elles ne prévoient pas l’assaut prochain de la maladie qui est la maîtresse du monde ! Et elles ne connaissent pas la mort, la mort impérieuse, la mort qui détruit tout ! Voilà pourquoi, les insouciantes, elles peuvent jouer et elles peuvent rire ! »
Oudâyin essayait de rompre la méditation de Siddhartha :
« Comment, disait-il, es-tu si peu courtois à l’égard de ces jeunes femmes ? Elles ne te plaisent point, peut-être : qu’importe ? Témoigne-leur quelque bienveillance, fût-ce au prix d’un mensonge. Épargne-leur la honte d’être dédaignées. Que vaudra ta beauté, si tu ignores la courtoisie ? Tu seras pareil à une forêt sans fleurs.
— À quoi bon mentir ? répondit le prince, à quoi bon flatter ? Je ne veux pas duper ces femmes. La vieillesse et la mort m’attendent. Ne cherche pas à me séduire, Oudâyin ; ne m’entraîne pas vers des plaisirs sans noblesse. J’ai vu la vieillesse, j’ai vu la maladie ; rien n’apaise mon esprit. Je ne puis douter de la mort. Et je me