Page:Herold La Vie du Bouddha.djvu/56

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Le roi chancela ; et, la voix sanglotante, il parla à son fils :

« Fils, renonce à ton projet. Le temps n’est pas venu pour toi de te réfugier dans la vie religieuse. La pensée, au printemps de l’âge, est mobile et inconstante. S’adonner aux pratiques austères, quand on est jeune, est une grave erreur. Les sens sont curieux de plaisirs ; les résolutions les plus fermes cèdent aux fatigues des observances ; le corps est dans la forêt, la pensée s’en échappe. La jeunesse manque d’expérience. C’est à moi de suivre le devoir religieux. Le temps est venu pour moi de quitter la maison. J’abandonne la royauté. Règne, ô mon fils. Sois fort et courageux. Ta famille a besoin de toi. Connais d’abord les joies de la jeunesse, comme celles de l’âge mûr, puis tu te feras ermite, au fond des bois. »

Le prince répondit :

— Fais-moi quatre promesses, ô père, et je ne quitterai pas ta maison pour les bois.

— Que faut-il te promettre ? demanda le roi.

— Pour moi, la mort ne sera pas le terme de la vie ; pour moi, la maladie n’altérera pas la santé ; pour moi, la vieillesse ne succédera pas à la jeunesse ; pour moi, l’adversité ne détruira pas la prospérité.

— Tu en demandes trop, répliqua le roi.