Page:Herold La Vie du Bouddha.djvu/86

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d’épées ; on y voyait d’énormes haches et de lourdes massues. Les soldats avaient des figures effroyables. Ils étaient noirs, bleus, jaunes, rouges. Leurs yeux lançaient des flammes lugubres ; leurs bouches vomissaient des flots de sang. Certains avaient des oreilles de bouc, d’autres des oreilles de porc, d’autres des oreilles d’éléphant. Quelques-uns avaient le corps en forme de cruche. Celui-ci avait les pattes d’un tigre, le dos d’un chameau et la tête d’un âne ; celui-là avait la crinière d’un lion, la corne d’un rhinocéros et la queue d’un singe. Les êtres à deux, quatre et cinq têtes ne manquaient pas, ceux à dix, douze et vingt bras non plus. Ils portaient d’horribles parures : des doigts d’homme dont la chair était toute sèche, des mâchoires, des crânes. Ils allaient, secouant leurs chevelures, avec des rires féroces et des cris affreux :

« Je puis lancer cent flèches à la fois ; je prendrai le corps du moine ! — Moi, je pénétrerai en lui, et je le brûlerai ! — Ma main broierait le soleil, la lune et les étoiles : que sera-ce pour elle d’écraser l’homme, avec son arbre ? — Mes yeux sont pleins de poison : ils dessécheraient la mer ; je le regarderai, et il ne sera plus que cendres. »

Sârthavâha se tenait à l’écart ; quelques amis s’étaient groupés autour de lui, et ils disaient :

« Malheureux ! Vous le croyez fou, parce