Page:Herzl - L Etat juif, Lipschutz, 1926.djvu/23

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de Herzl à Vienne[1], où il venait d’être nommé directeur littéraire de son journal, dans une véritable fièvre de création. Il y songeait la nuit, le jour, au milieu des occupations les plus diverses, à la Chambre, à l’Opéra, au bois de Boulogne, au Grand Prix, et, dès qu’il le pouvait, il jetait sur le papier des notes, de brèves indications, des bouts de phrases et des rudiments d’idées, sans s’inquiéter de leur forme ni de leur valeur, afin de pouvoir poursuivre ses méditations, ne pas interrompre le fil de sa pensée. « Je ne me souviens pas, dit-il, avoir jamais rien écrit dans un tel état d’exaltation… Heine raconte qu’il entendait sur sa tête le battement d’ailes d’un aigle lorsqu’il composait certains de ses vers. Il me semblait aussi entendre au-dessus de moi quelque chose d’assez semblable à un frémissement. » L’Etat Juif, cependant, ne se ressent nullement de l’exaltation dans lequel

  1. Mi-juillet 1895.