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Grand’mère suivit des yeux, en soupirant, la jeune mauvaise tête ; mais elle ne fit pas un geste, ne dit pas un mot pour la retenir.

Dès que Clairette eut regagné sa chambre, son premier soin fut de réunir en faisceau le maigre bagage qu’elle rapportait.

La raison du silence que sa grand’mère s’obstinait à garder lui échappait absolument. Mais elle croyait avoir deviné le pourquoi de la vénération dont Mme Andelot entourait le petit soulier : gratitude d’un cœur humble : voilà !

En effet, les de Kosen étaient ses bienfaiteurs. Elle vivait d’une rente qu’elle tenait d’eux : récompense de services rendus par grand-père Andelot : soit, mais qui n’était pas due, somme toute ; non plus que cette maison, présent, elle aussi, du vieux baron à son régisseur.

Et, certaine d’avoir deviné juste sur ce point, Claire se félicitait de sa perspicacité. Sa mauvaise humeur se dissipait.

À y bien regarder, ce serait amusant de poursuivre toute seule ses recherches, de quoi l’occuper des mois et mettre l’ennui en fuite !

Soudain, elle partit à rire :

« Savoir ce que dira grand’mère, quand je lui présenterai Lilou et Pompon. Car, cette fois, c’est résolu, demain, je les lui amène… »


CHAPITRE V


« Comment ! c’est déjà vous ! si matin ! s’écria Claire. À quoi donc sont occupées votre Anglaise et votre Allemande ?

— Elles sontaient à l’oflice, alors je m’es sauvé avec Pompon, répondit Lilou.

— À l’office ! Elles mangeaient ! Encore ! Elles ne font que ça toute la journée, décidément. Hein ? c’est vrai, elles mangeaient ? répéta-t-elle presque en colère.

— Oui, expliqua Pompon, elles dézeunaient.

— Vous avaient-elles au moins servi votre déjeuner auparavant ? » s’informa Claire.

Ils firent signe que non.

Et ils se mirent à rire tous les deux.

« J’ai bien couri, loin, loin, et Pompon aussi, pour pas qu’elles nous prendent. Fais-nous déjeuner, toi, dis ? Tu veux ?

— Eh bien, c’est entendu : vos bonnes vous chercheront : venez. »

C’est sur l’emplacement même où la jeune