Page:Hetzel - Verne - Magasin d’Éducation et de Récréation, 1903, tomes 17 et 18.djvu/224

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
216
MICHEL ANTAR

une altitude trop grande pour ce fruit du soleil. Elles sont pourtant une source de bien-être pour les gens du village.

« Brézina appartient aux Oulad Sidi Cheikh, dont elle forme un des plus beaux fiefs ; c’est leur grenier ; c’est aussi le lieu de rassemblement pour leurs caravanes, comme El Abiod pour les caravanes des Trafis.

« Si Hamza — le Grand, comme on rappelle quelquefois, — y possédait une maison de commandement.

« Si Kaddour, son fils, y avait fait sa soumission en 1883, et, dans la suite, il venait y prendre le contact avec nos généraux, alors qu’il évitait de se présenter au chef-lieu du cercle.

Kheneg el Arouïa côté nord. (Cliché de M. Letort.)

« D’autres souvenirs se rattachent encore à Brézina… Au fait, avez-vous jamais entendu parler d’un explorateur du nom de Marcel Palat ? »

Sur ma réponse négative, mon ami continua :

« Outre qu’il m’intéressait comme ayant été autrefois officier dans mon régiment, je le connaissais par quelques œuvres littéraires publiées sous le pseudonyme de Marcel Frescaly, lorsque je le vis, vers la fin de 1885, à Géryville, où je venais d’arriver moi-même comme sous-lieutenant. Il y faisait alors ses derniers préparatifs pour un voyage d’exploration qu’il avait espéré, voulu, de longue date, pour lequel il s’était procuré diverses subventions formant un total de 16 000 francs et qu’il ne devait, malheureusement pour lui, pas achever.

« Son intention primitive fut de remonter depuis Tombouctou jusqu’au Sud oranais par le Sahara. Des difficultés imprévues l’obligèrent au contraire à poursuivre la réalisation de ce projet en partant du Sud oranais pour atteindre ensuite le Soudan. Une chimère, ce voyage entrepris dans d’aussi misérables conditions. Pour le mener a bien, ces temps derniers, il a fallu toute une organisation militaire à MM. Foureau et Lamy. Mais, auparavant, combien d’autres l’avaient essayé en vain ! J’aurai peut être l’occasion, plus tard, de vous en parler.

« Palat comptait, du moins jusqu’à In-Salah, sur la protection que lui avait offerte, à Paris même, Si Hamza, — simple caïd de Stittenne en ce moment-là, et non, comme aujourd’hui, agha d’Aflou, — qui s’était formellement offert pour l’accompagner lui-même à travers le Touat, en même temps que fait fort de décider son oncle, Si Kaddour, à marcher avec