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paraître ; sous sa dernière et chaude caresse, les villages, sur les mamelons, se doraient. Au milieu d’un silence profond, les muezzin, du haut des minarets, répétaient aux quatre coins de l’horizon la prière du Maghreb[1]. Quelques ombres dispersées autour de nous s’accroupissaient après s’être prosternées la face contre terre, faisaient le simulacre des ablutions, puis, debout, tournées vers l’Orient, répétaient les paroles saintes.

Et j’eus, un court moment, l’illusion d’un pays des Mille et une Nuits.

(La suite prochainement.) Michel Antar.

  1. Le muezzin appelle à la prière cinq fois par jour : au lever du soleil (fedjer) ; un peu après midi (doher) ; vers quatre heures (asser) ; vers le coucher du soleil (maghreb), et enfin au moment du repas du soir (acha). Le croyant doit auparavant faire certaines ablutions prescrites. Mais, faute d’eau, il peut se contenter du simulacre.
MONOGRAPHIES VÉGÉTALES[1]

LES PLANTES CÉLÈBRES OU LÉGENDAIRES

Les graines du pavot sont extrêmement nombreuses. Linné a calculé qu’un seul pied peut en produire jusqu’à trente-six mille. Ce sont surtout les capsules qui renferment ces graines, dont l’importance a été dès longtemps constatée, en raison du suc qu’elles fournissent et qui n’est autre chose que ce fameux opium dont abusent généralement les populations des contrées méridionales.

L’opium se prépare en Turquie et dans l’Inde. Il existe trois espèces d’opium.

1o L’opium en larmes, qu’on obtient en incisant les capsules vertes du pavot. Substance rare et précieuse que les Orientaux se réservent pour leur usage propre, et dont ils confectionnent des pastilles, sur lesquelles figure cette inscription singulière : Œuvre de Dieu ;

2o L’opium par évaporation, qui provient de la plante pilée, dont le suc est exposé au soleil ;

3o L’opium par décoction, qui s’obtient par la décoction de tout ce qui reste après l’opération précédente.

Dans l’Europe mahométane, ainsi qu’en Chine et dans l’Inde, l’opium est une substance de première nécessité, qui remplace le tabac et les liqueurs spiritueuses. Les hommes le boivent et le fument surtout, soit pour se procurer des sensations qu’ils qualifient d’exquises, soit — ils l’affirment du moins — pour exalter leur courage. Toujours est-il que cette redoutable passion acquiert une telle intensité, que les peines les plus sévères ont été infructueuses pour en réprimer l’abus, abus désastreux cependant, ainsi que nous le verrons tout à l’heure.

Il n’est à coup sûr aucun médicament qui ait jamais eu autant de célébrité que l’opium. Suivant la mythologie grecque, ce serait Cèrès, la bienfaisante déesse, qui en aurait dévoilé aux hommes les vertus merveilleuses et que surent mettre à profit, du reste, Hippocrate et Galien. Parmi les modernes, Paracelse administra ce médicament avec une

  1. Voir les nos 137 et suivants.