Page:Hetzel - Verne - Magasin d’Éducation et de Récréation, 1903, tomes 17 et 18.djvu/714

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Magasin illustré d’Éducation et de Récréation
SOMMAIRE du N° 215

BOURSES DE VOYAGE, chap. XIII, par Jules Verne.
LA PREMIÈRE CHASSE DE RIQUET,
par J. de Coulomb.
JOCK ET SES AMIS, chap. IX (suite), X et XI, par A. Decker.
KSOUR ET OASIS, chap. XI (suite), par Michel Antar.
LE GÉANT DE L’AZUR, chap. XX et XXI, par André Laurie.
BOURSES DE VOYAGE
par JULES VERNE — illustrations de L. BENETT

XIII
À l’aventure.

Il ne s’agissait plus, cette fois, d’accoster un bâtiment à quelques encablures, ni même à quelques milles au large. C’était un navire en proie à l’incendie qu’il fallait abandonner. C’était à la surface d’une mer déserte, avec l’incertain espoir d’être rencontré sur ces parages, qu’une frêle embarcation allait s’exposer à tant de périls !

Tandis que Will Mitz, faisant en toute hâte ses préparatifs de départ, s’occupait de déhaler le dernier canot du bord, que se passait-il dans la cale ?…

Des rugissements de damnés éclataient sous le pont. Des coups incessants ébranlaient les panneaux et le capot du poste. Et qui sait si les prisonniers ne finiraient pas par les forcer, si à travers quelque trou de la coque ils ne parviendraient pas à la mer pour remonter sur le pont ?…

Quant à la cause de cet incendie, l’hypothèse la plus probable était qu’un baril d’alcool s’étant brisé, son contenu avait été enflammé par l’imprudence d’un Morden ou de tout autre, n’ayant plus conscience de ses actes. À présent, le foyer s’étendait à toute la cale depuis l’avant jusqu’à la cloison qui séparait l’arrière. En admettant même que le feu s’arrêtât à cette cloison, le navire n’en périrait pas moins, et il n’en resterait bientôt plus que quelques épaves à la surface de la mer.

Dès que le canot déhalé de ses palans fut amarré le long du bord, Will Mitz fit embarquer tout ce qui serait nécessaire à une navigation, longue peut-être. Louis Clodion et Albert Leuwen y ayant pris place, on leur passa deux caisses de conserves et de biscuits de la cambuse, un dernier fût d’alcool, deux barils d’eau douce, un fourneau portatif, deux sacs de charbon, une petite provision de thé, quelques armes, quelques munitions, puis divers instruments de cuisine et d’office.