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Colette ne veut pas entendre parler d’attendre à la maison ; et, bien que Henri ait peu de goût pour les effusions en public, elle est résolue à braver son déplaisir possible pour serrer les chers voyageurs dans ses bras une heure plus tôt. Martial Hardouin se dévoue à rester auprès de Mme Massey avec Lina, et Colette et son père, arrivant enfin à la gare, pénétrèrent, le cœur palpitant, sur le quai.

Voici le train ! Son panache de fumée, son sifflet strident viennent rassurer ceux qui attendent et qui, jusqu’au dernier moment, ont été poursuivis par le cauchemar des catastrophes possibles… Dès qu’il paraît, Colette a aperçu le visage bronzé et souriant de Gérard, penché à la portière.

« Bon !… Elle est là !… j’en étais sûr !… s’écria celui-ci joyeusement.

— Qui ça ?… Colette ?… Ils sont tous là ? demanda Henri.

— Non, rassure-toi ! seulement Colette et papa… je savais bien qu’elle viendrait !… »

Et tombant comme la foudre sur le quai, avant même que le train soit complètement arrêté, Gérard reçoit dans ses bras sa sœur chérie qui ne peut retenir ses larmes et sanglote éperdument sur son épaule. Enfin on s’apaise, on se ressaisit, on embrasse dame Gudule et Nicole, toutes pâles et bouleversées, on monte en voiture, on se dirige rapidement vers Passy.

Que de choses on a à se dire ! non seulement la découverte de l’Épiornis, l’évasion de Nicole et la perte finale de l’aviateur, mais des nouvelles des naufragés que le gouvernement a reçues depuis deux jours et communiquées à M. Massey. Le navire immédiatement expédié à la recherche de l’île désolée a fait parvenir un télégramme :

« Tout bien sur l’île des Cavernes. Naufragés rapatriés fin du mois. »

Les choses sont donc pour le mieux. Dame Gudule et Nicole, faisant un héroïque effort pour surmonter leur tristesse et se mettre à l’unisson, aucun nuage ne plane sur les joies du retour.

On arrive à Passy. Avec un cri d’allégresse profonde, une action de grâces est sortie du cœur. Mme Massey presse enfin dans ses bras ses fils reconquis.

André Laurie.
FIN