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LA COMÉDIE-FRANÇAISE.

somme, à Saint-Pétersbourg, que cet estimable comédien, qu’on avait eu le tort de vouloir placer trop haut, a surtout réussi.

Le 6 juillet, nouvelle et dernière rentrée de la belle et intéressante Mlle  Delphine Marquet dans Elmire de Tartufe ; la recette monte à 771 francs !

Le 11 août, remise à la scène à Atrée et Thyeste, tragédie en cinq actes de Crébillon, avec prologue en vers traduit du Thyeste de Sénèque[1]. C’est là une grande curiosité littéraire, car la pièce de Crébillon, qu’on n’avait pas jouée depuis un très-grand nombre d’années, semblait pour tout le monde ne devoir jamais reparaître au théâtre. Mais ce « tissu d’horreurs » n’a pas produit l’effet qu’on en attendait et il s’en est dégagé surtout un silencieux ennui qui s’est manifesté, en dépit d’une mise en scène historique très-soignée et de costumes d’une authenticité indiscutable, par 485 francs de recette. M. Thierry, paraît-il, aurait préféré reprendre Rhadamiste, du même Crébillon ; mais comme l’Odéon tenait toute prête li reprise de cette tragédie, on a dû renoncer à son exhumation, dont l’effet eût, sans doute, été le même[2].

  1. Ce prologue est de MM. de Bornier et Edouard Thierry qui ont gardé l’anonyme ; il a produit plus d’effet que la pièce.
  2. Jouent les rôles : dans le prologue, M. Chéry (Tantale), Mlle  Devoyod (Mégère). Dans la pièce : MM. Maubant (Atrée), Gibeau (d’une très-tragique et sombre énergie dans Thyeste), Sénéchal (Plysthène), Prudhon (Thessandre) ; Mmes  Tordeus (Théodamiej, Lloyd (la suivante Léonide). M. Masset (Charles-Auguste-Henri) débute dans le rôle d’Eurysthène. C’est le fils du célèbre chanteur J.-J. Masset. Élève de Régnier, au Conservatoire, il a obtenu, aux derniers concours, un second prix de tragédie et un premier prix de comédie. Il a fait, en conséquence, ses trois années réglementaires à la Comédie-Française, mais seulement dans les rôles secondaires, où nous le signalerons au fur et à mesure. Quand il a quité la rue de Richelieu (29 juillet 1869), on a pu voir avec regret cet artiste distingué paraître momentanément, dans le principal rôle d’une féerie, le Roi