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travaux modernes sur les livres hippocratiques.

Aphorismes, d’un écrivain qui aime la brièveté et même l’obscurité ; de l’auteur des Épidémies, d’un homme qui est un excellent observateur, mais qui laisse mourir les malades sans leur rien prescrire ; de l’auteur du Régime dans les maladies aiguës, d’un médecin qui emploie beaucoup de médicaments, quelques-uns même fort actifs. »

Si M. Link avait pénétré plus avant dans le système d’Hippocrate, il aurait reconnu que le Pronostic, les Épidémies et le traité du Régime dans les maladies aiguës se tiennent et s’expliquent l’un par l’autre ; mais suivons-le dans ses raisonnements.

Il distingue, dans la Collection hippocratique, six théories principales, d’après lesquelles il fait six classes d’écrits, et admet au moins six auteurs différents.

La première est celle de la bile et du phlegme ; elle est ancienne, Thucydide en parle, et Aristote[1] dit que la division des maladies, suivant la bile et le phlegme, est familière aux médecins. Platon, dans le Timée, attribue les maladies à ces mêmes humeurs, d’où l’on peut conclure que les traités où cette théorie existe sont les plus anciens. L’opposition de la bile et du phlegme a été saisie de bonne heure ; la surabondance de la bile est la cause des maladies aiguës ; la surabondance du phlegme, des maladies chroniques. La première est caractérisée par tout ce qui est vif et incisif ; la seconde par tout ce qui est mou, lâche et lent.

Voici les traités dans lesquels M. Link prétend que règne la théorie de la bile et du phlegme, à l’exclusion de toute autre. Ce sont d’abord les Épidémies : l’auteur y parle de vomissements de bile et de phlegme, il n’y est presque pas question de traitement, lacune que Galien explique très mal

  1. Natur. Ausc. liv. II, c. 2.