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travaux modernes sur les livres hippocratiques.

découvre de plus grandes différences encore. Ces différences sont : dans la 1re section, où se trouve la théorie de la turgescence des humeurs et de leur écoulement, ancienne idée de la médecine, suivant M. Link ; dans la 2e section, où se trouve une explication détaillée des jours critiques, indiqués seulement d’une manière générale dans la précédente ; dans la 3e, qui renferme, sur les saisons et sur les âges, des considérations conformes avec la doctrine des Épidémies ; dans la 4e, où l’on voit une distinction plus fixe entre les maladies, une division entre la bile noire et la bile jaune, et quelques expressions qui semblent faire allusion aux quatre humeurs ; dans la 6e et la 7e, qui renferment un mélange d’aphorismes dont quelques-uns sont très bizarres : par exemple, les muets sont facilement attaqués de diarrhées rebelles ; et avec cette singularité que la plupart sont rangés d’après le même mot, soit ἐπί, soit ὁπόσοισι, soit ἤν. Ainsi, dans les sections des Aphorismes, on voit des différences qui font penser qu’elles ne sont ni du même temps, ni du même auteur ; on y remarque une gradation de notions simples à des notions plus exactes ; puis des singularités ; puis enfin une sorte d’allitération.

Croire que la distinction entre la bile jaune et la bile noire soit la preuve d’une date postérieure à Hippocrate, c’est ne pas tenir compte de textes positifs. Platon parle de la bile noire[1] ; et j’ai rapporté (p. 19) un vers d’Aristophane où se trouvent et le nom de cette humeur et le rapport que l’ancienne pathologie avait supposé entre la bile noire et la folie. M. Link range encore, dans la théorie de la bile et du phlegme, le traité du Régime dans les maladies aiguës, qui

  1. Μετὰ χολῆς δὲ μελαίνης κερασθὲν (φλέγμα). Tim. t. VII, p. 95, Éd. Tauchn.