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de chacun des livres hippocratiques en particulier.

Il en résulte que ce livre est un des plus authentiques que nous possédions ; la citation de Platon étant rapportée à sa véritable place, il ne reste plus aucun doute sur un écrit que le disciple de Socrate a tenu dans ses mains, a lu et a loué. Platon n’a pu en cela ni se tromper, ni être trompé.

Gruner a remarqué que l’auteur du traité de l’Ancienne médecine s’appuyait, dans toute son argumentation, sur une doctrine qui admettait des humeurs multiples dans le corps humain, telles que l’amer, le doux, l’acide, le salé, l’astringent, etc., et que cette doctrine était celle d’Alcméon, philosophe pythagoricien qui a fleuri au moins 70 ans avant Hippocrate[1]. « Alcméon, dit Plutarque[2], attribue la conservation de la santé au mélange égal des qualités, l’humide, le chaud, le sec, le froid, l’amer, le doux, etc ; la maladie, à la domination d’une d’entre elles ; car il pense que la prépondérance exclusive de l’une d’elles détruit la santé. » La doctrine et les mots d’Alcméon se retrouvent dans le traité de l’Ancienne médecine ; c’est au juste mélange de ces qualités que l’auteur de ce traité attribue la conservation de la santé ; c’est dans la prédominance de l’une qu’il place la cause des maladies ; il se sert, comme Alcméon, du mot δυνάμιες pour les dénommer. Gruner, qui regarde le traité de l’Ancienne médecine comme n’appartenant pas à Hippocrate et comme lui étant très postérieur, voit, dans cet emprunt de doctrine et de langage, fait à un auteur aussi ancien qu’Alcméon, un moyen pris par le pseudo-Hippocrate pour

  1. Vers l’an 500 avant J.-C.
  2. Ἀλκμαίων τῆς μὲν ὑγείας εἶναι συνεκτικὴν ἰσονομίαν τῶν δυνάμεων, ὑγροῦ, θερμοῦ, ξηροῦ, ψυχροῦ, πικροῦ, γλυκέος, καὶ τῶν λοιπῶν· τὴν δ’ ἐν αὐτοις μοναρχίαν, νόσου ποιητικήν· φθοροποιόν γὰρ ἑκατέρου μοναρχίαν. Plut. De Plac. Philos., tome v, p. 314, Éd. Tauchn.