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UN VIEUX BOUGRE

qui démentait les assurances orgueilleuses qu’elles donnaient d’être aimées de leurs maris. Et la voix aigre de Mme Loriot-Moquin dominait le caquetage.

Michel sortit, fermant la porte derrière soi. Elles coururent à lui, avides d’en apprendre quelque nouvelle.

— J’vas chez l’père, dit-il. C’est l’moment que l’docteur va v’nir… et j’voudrais l’amener au grand-père, pour qu’il y donn’rait d’la drogue…

— C’est vrai qu’y dort trop pour qu’ça soye naturel ! constata Mme  Loriot-Moquin.

Et, tandis que Michel s’éloignait, elles parlèrent des cas de long sommeil vulgarisés par les journaux. Le curé passant, elles voulurent le mêler à leur conversation. Il attesta le Ciel miséricordieux de la vanité des connaissances humaines, et, frappant le plat de son bréviaire, il prononça d’un ton pénétré qui contrastait avec sa face matérielle et joufflue :

— Voilà qui sauve les âmes aussi bien que les corps, mes chères sœurs…

L’une d’elles lui désigna la fenêtre de la