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UN VIEUX BOUGRE

Ce troisième verre de vin délia la langue de Michel, et parler le grisa. Il accusait l’aïeul d’aimer le mal pour le mal, d’avoir commis le meurtre, le vol, et, son visage rond, rose, placide, s’animait, plissé de rides. Il tordait les pointes courtes de sa moustache pâle pour les pousser dans sa bouche et il les mordait nerveusement. La mère approuvait chaque mot d’un hochement de tête, sa figure s’éclairait d’une joie aiguë, et elle encourageait Michel, élevant ses mains au-dessus de la tabatière, disant :

— Ah ! mon p’tit…

Il continuait, buvant aussi afin d’exciter sa volonté :

— Et maint’nant, j’voulais pas am’ner ces fill’s au pays !… C’est lui qu’a voulu… et y les a toutes les deux… Avec ses histoires de bandit, y leur a tourné la boule… Rubis qu’était ma femme, y couche avec… J’m’en fous, bien sûr !… Mais quand même, j’m’en foutrais pas qu’ça s’rait pareil… Alors !… Et on y baillerait l’argent qu’est là pour la dépenser !… Pas un sou, la mère, qu’il aura… pas un sou,