Page:Histoire de l'Académie Royale des Sciences et des Belles Lettres (1746).djvu/308

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pour l’auteur du premier mouvement imprimé à la Matière, mais il a cru l’Action de Dieu continuellement nécessaire pour toutes les distributions & les modifications du Mouvement. Ne pouvant comprendre comment la puissance de mouvoir appartenoit au corps, il s’est cru fondé à nier qu’elle lui appartînt ; & a conclu que, lors qu’un corps choque ou presse un autre corps, c’est Dieu seul qui le meut : l’impulsion n’est que l’occasion qui détermine Dieu à le mouvoir[1].

Ces Philosophes n’ont mis la cause du Mouvement en Dieu que parce qu’ils ne savoient où la mettre : ne pouvant concevoir que la Matière eût aucune efficace, pour produire, distribuer & détruire le Mouvement, ils ont eu recours à un Etre immatériel. Il falloit savoir que toutes les loix du Mouvement & du Repos étoient fondées sur le principe le plus convenable, pour voir qu’elles devoient leur établissement à un Etre tout puissant & tout sage ; soit que cet Etre agisse immédiatement ; soit qu’il ait donné aux Corps le pouvoir d’agir les uns sur les autres ; soit qu’il ait emploié quelqu’autre moien qui nous est encore moins connu.

La plus simple des loix de la Nature, celle du Repos ou de l’Equilibre, est connue depuis un grand nombre de siecles ; mais elle n’a paru jusqu’ici avoir aucune connexion avec les loix du Mouvement, qui étoient beaucoup plus difficiles à découvrir.

Ces recherches étoient si peu du goût, ou si peu à la portée des Anciens, qu’on peut dire qu’elles font encore aujourdhui une science toute nouvelle. Comment en effet les Anciens auroient-ils découvert les loix du Mouvement, pendant que les uns réduisoient toutes leurs spéculations sur le Mouvement à des disputes sophistiques ; & que les autres soûtenoient qu’il n’y avoit point de Mouvement ?

Des Philosophes plus laborieux, ou plus sensés, ne jugerent pas que des difficultés attachées aux premiers principes des choses, fussent des

  1. Malebranche. Entretiens sur la Metaph. Entret. VII