Page:Histoire de l'abbaye d'Hautecombe en Savoie.djvu/103

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 87 —

abbé de Clairvaux, pour ramener ces hérétiques à la foi catholique et pour les condamner en cas de résistance.

Arrivés à Toulouse, ils y trouvèrent le chef de la secte, nommé Pierre Morand, qui se disait saint Jean l’Évangéliste, et une population tellement fanatisée, qu’elle se moquait d’eux dans les rues, les appelant hautement hypocrites et apostats. Néanmoins, après une comparution devant les membres de la légation, Pierre Morand renia ses erreurs, fit une abjuration solennelle le lendemain, à Saint-Saturnin, au milieu d’un immense concours, promit de restituer les biens qu’il avait occupés et de réparer les torts faites aux pauvres.

Son exemple amena le retour d’un grand nombre de ses adhérents. La réunion du chapitre général de l’ordre de Cîteaux approchant, l’abbé de Clairvaux obtint la permission de s’y rendre, mais à condition de passer dans le diocèse d’Albi avec Bernard, évêque de Bath, membre de la légation, d’enjoindre à Roger de Bèders, seigneur du pays, de mettre en liberté l’évêque d’Albi, qu’il tenait prisonnier sous la garde des hérétiques, et de chasser ceux-ci de tout l’Albigeois. Les deux prélats commissaires, étant entrés dans cette province, ne purent voir Roger, retiré dans des lieux inaccessibles, mais ils rejoignirent un château très fortifié, où sa femme demeurait avec un grand nombre de domestiques et d’hommes de guerre. Ils leur prêchèrent la foi, déclarèrent Roger traître et parjure pour avoir violé la sûreté promise à l’évêque, l’excommunièrent publiquement et lui déclarèrent la guerre de la part du pape et des rois de France et d’Angleterre.

De là, Henri continua sa route sur Cîteaux.

Il paraît que sa supériorité fut bien appréciée, car il eut une part très importante dans toutes ces négociations et il