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Néanmoins, il ne peut résister aux ordres du Souverain Pontife. Afin de remédier aux désordres des hérétiques du Midi et aux troubles causés par le schisme d’Allemagne, Alexandre III convoque, pour tenir un concile général à Rome pendant le carême de 1179, tous les évêques de la catholicité et les abbés les plus illustres[1]. Ceux de Clairvaux et de Cîteaux, en France, plusieurs autres abbés d’Allemagne, sont spécialement appelés. Deux prélats français y furent créés cardinaux : Guillaume, archevêque de Reims, beau-frère du roi, et Henri, abbé de Clairvaux, qui fut fait, malgré lui, cardinal-évêque d’Albano, le deuxième jour du concile (15 mars 1179).

Henri obéit, abandonne sa chère maison de Clairvaux et fixe sa demeure au centre de la catholicité.

Il fut bientôt chargé de différentes légations et conserva sa prépondérance dans le gouvernement de l’Église catholique sous les papes qui se succédèrent rapidement après Alexandre III[2]. Il aurait même été choisi pour successeur d’Urbain III par la plus grande partie des cardinaux, s’il n’eut refusé énergiquement, alléguant qu’il voulait prêcher une nouvelle croisade contre les Musulmans et qu’il ne pouvait recevoir la tiare[3]. Albert, chancelier de l’Église romaine, qui avait été moine à Clairvaux, fut nommé pape sous le nom de Grégoire VIII, et pendant les cinquante-sept jours de son pontificat, tous ses efforts tendirent à organiser cette nouvelle expédition, rendue nécessaire

  1. Ce fut le onzième concile œcuménique et le troisième de Latran.
  2. Alexandre (III 1159-1181) ; Lucius III (1181-1185) ; Urbain III (1185-1187) ; Grégoire VIII (25 octobre 1187-16 décembre 1187) : Clément III (16 décembre 1187-28 mare 1191).
  3. Sic. Manrique, Ann. cist., III, 183, n°° 7 et 8, qui cite le Liber sepulchrorum Clarœvallis et la Chronique belge de Pistorius Nidanus.