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cédèrent deux autres anti-papes pendant le pontificat d’Alexandre. Le comte de Savoie ne voulut jamais adhérer au schisme et resta fidèle au pape légitime. De là une nouvelle cause de malveillance de la part de l’empereur, de là l’origine des malheurs de ce règne. Aussi, les prélats de Turin, d’Aoste, de Tarentaise et de Maurienne reçurent, à ce que l’on croit, l’investiture du territoire de la majeure partie de leurs diocèses, et Berthold, duc de Zœringen, les droits régaliens sur l’évèché de Sion[1].

Humbert III tenait cependant à remplir ses devoirs de vassal et à rendre à César ce qui était dû à César. Bien qu’il s’efforçât de oe point se mêler à ces luttes du pape et de l’empereur et à rester en deçà des Alpes, nous le voyons paraître, en 1175, à la trêve de Montebello, destinée à amener la paix entre la ligue lombarde et l’empereur, et figurer comme garant de ce dernier. Et quand, huit ans plus tard (1183), la paix de Constance vint couronner les efforts persévérants des communes italiennes, en reconnaissant comme un droit l’existence de dix-sept républiques, Humbert paraît encore dans les préliminaires de ce traité.

La fin de son règne fut des plus tristes. A la suite de démêlés avec l’évèque de Turin, prétendant qu’il détenait injustement le château de Pianezza, appartenant à son église, Humbert fut cité devant le légat impérial. Connaissant ses mauvaises dispositions à son égard, il demanda délais sur délais, et, ne comparaissant point, il fut condamné par contumace et mis au ban de l’empire, ce qui équivalait à la perte légale de tous ses États. L’année suivante (1186), Henri, fils de Frédéric et roi d’Italie, l’attaqua dans le château d’Avigliana et le mit en déroute.

  1. Cibrario, Specchio cronologico, p.20.