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Béatrix, fille de Thomas Ier épousa Raymond Bérenger, comte de Provence, dont le règne eut une influence considérable sur les événements tumultueux qui agitèrent alors le midi de la France. Alliant à une rare beauté un esprit aimable et cultivé, elle tenait à sa cour de nombreuses et brillantes réunions de troubadours. Aussi, leurs poésies flatteuses et la rare prospérité de sa famille, où l’on compte une impératrice d’Occident, une reine de France et une reine d’Angleterre[1] parmi ses filles, une impératrice d’Orient et deux reines parmi ses petites-filles, ont immortalisé son nom dans le pays de la gaie science, où son souvenir y est toujours resté très vivant[2].

Par son testament du 22 février 1264, elle avait choisi sa sépulture dans l’église de l’hospice qu’elle avait fondée aux Échelles, en Savoie, quelques années auparavant[3].


    Au milieu de ces difficultés, nous avons cru donner pour successeurs à l’abbé Burchard : Humbert II, Lambert et, en troisième lieu, Jean Ier.

  1. Marguerite, femme de Louis IX ; Éléonore, femme de Henri III.
  2. Elle présidait elle-même les Cours d’amour. « Brave comtesse de tout haut lignage, lui chantait le troubadour Guillaume de Saint-Grégori, nous vous tenons pour la plus belle qu’on ait oncques vue au monde : pour la fontaine pure d’où jaillissent toutes les vertus. »
  3. Par un acte du 6 des ides de novembre (8 novembre) 1260, passé dans la grande salle du château des Échelles, elle donne à l’hospice de Saint-Jean de Jérusalem et à Ferdinand de Barral, grand-maître de l’Ordre, qui reçoit la donation en cette qualité, le château, la juridiction, le mère et le mixte empire, le domaine et la seigneurie du mandement des Échelles, sous les conditions suivantes :
    1° Une maison et une église seront construites, et l’hospice y entretiendra treize prêtres, quatre diacres et trois clercs, avec les revenus donnés et ceux qui pourront lui advenir :
    2° Une messe sera dite chaque semaine pour elle ;
    3° L’hospice contribuera à l’entretien de la maison, soit l’hôpital des pauvres, qu’elle se propose de créer.
    Elle légua plus tard 3.000 livres à ce futur hôpital, qu’elle appelle maison de Dieu. (Archives de l’Économat, à Turin.) — Guichenon a