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au prince Édouard, fils aîné du défunt. Il chargea, par ses lettres du 23 du même mois, Antoine de Barge et Pierre de Clermont de se rendre à Avignon pour ramener à Hautecombe le corps de son père. Le pape, de son côté, députa pour l’accompagner le prévôt de Sainte-Marie d’Avignon.

Les obsèques furent dignes de l’illustre personnage, et la foule des assistants était nombreuse, à en juger par les dépenses faites à cette occasion[1].

Ce prince, à qui la postérité a donné le nom de Grand, brilla autant par ses qualités politiques que par sa valeur guerrière ; il introduisit différentes améliorations dans les lois de la Monarchie, répara, par de nouvelles acquisitions, les démembrements causés par les apanages, et mérita cet éloge de la Chronique d’Hautecombe qui rappelle homme illustre et formidable à ses ennemis.

Sa taille était élevée, son visage noble et guerrier, son jugement sûr et prompt. Il donna toujours l’exemple d’une piété solide et éclairée, et, suivant un usage de cette époque, il récitait tous les jours le psautier.

Il est le premier prince de Savoie dont on suppose avoir retrouvé les traits, conservés par une peinture découverte dans une ancienne chapelle de Pignerol[2].

Son successeur, appelé Édouard, du nom du roi d’An-

  1. Les comptes d’Antoine de Clermont attestent qu’il fut dépensé 116 livres viennoises pour acheter 103 moutons. [Archives de la Chambre des Comptes.)
  2. Cibrario, Specc. cron., p. 92.
    Son expédition en Orient, où il aurait ainsi défendu Rhodes contre les Turcs, et aurait ainsi donné origine à l’énigme FERT, est une pure invention des chroniqueurs. Les comptes de sa maison, examinés par M. Cibrario, prouvent que toutes les années de sa vie furent occupées par d’autres événements que la prétendue défense de Rhodes.