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au port de Pierre-Châtel. Sur ce pont, ils élèveront une chapelle en l’honneur de la bienheureuse Marie, où l’on célébrera tous les jours pour son âme et celle de ses ancêtres. Il leur donne, à cet effet, 8,000 florins.

Peu après la mort d’Amédée VI, le Comte-Rouge commença la construction du monastère. Le premier prieur en fut Vionnin, qui était auparavant prieur d’Aillon. La chartreuse de Pierre-Châtel devint la chapelle et le tombeau des chevaliers. Les chapitres généraux de l’ordre du Collier s’y réunirent jusqu’à la cession du Bugey à la France (1601), qui amena leur translation dans l’église de Saint-Dominique, à Montmélian.

Non content d’avoir institué cette maison religieuse, où chaque jour des prières s’élèveraient vers Dieu pour lui et pour les siens, le Comte-Vert fit encore un grand nombre de legs grevés de services religieux à diverses églises, entre autres, à celles de Saint-Maurice en Valais, de Belley, de Turin, de Notre-Dame d’Annecy et de Saint-Léger de Chambéry. Il laissa à Bonne de Bourbon son épouse, pendant qu’elle resterait veuve, l’usufruit et l’administration générale de ses États et, en outre, la pleine propriété des châteaux et seigneuries d’Évian, de Féterne, de Ripailles, de Thonon, des Allinges, d’Hermance et du Bourget. Il institua pour son héritier universel son unique enfant, qui fut Amédée VII, et ordonna substitution sur substitution pour affermir à tout jamais le droit de primogéniture et l’exclusion des filles dans la succession au trône de Savoie[1].

Amédée VI, dont la seule dépouille mortelle suffirait à rendre célèbre une nécropole nationale, fut peut-être de

  1. Guichenon, Savoie, Preuves, p. 216.