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ces causes créaient un mouvement extérieur important, provoquaient cette agglomération d’habitants et contribuaient à la faire vivre[1], de même que les aumônes et les commandes de travaux faites par le couvent. Les voyages et les transports entre Chambéry et Hautecombe s’opéraient de plusieurs manières : par le lac, en allant aborder à la rive orientale, au grand port de Grésine, situé en face de la grande station lacustre récemment découverte, ou en côtoyant la rive occidentale et en débarquant au Bourget ; par terre ferme, en gravissant le flanc escarpé de la montagne jusqu’à la moitié de sa hauteur, puis en parcourant un plateau ondulé qui se prolonge jusqu’au col, au-dessus du château de Bourdeau, et enfin en descendant sur le territoire féodal et monacal du Bourget.

Les hommes de l’abbaye suivaient souvent cette route. En vertu des concessions de Thomas Ier, ils pouvaient librement traverser toutes les châtellenies et terres de la monarchie, sans être soumis à aucune contribution à titre de péage ou pour autre cause, et transporter pour le couvent toute sorte de marchandises. Malgré ces privilèges, un officier de la châtellenie du Bourget, nommé François Poysact, avait exigé violemment un droit de péage pour une certaine quantité de fer transporté à Hautecombe. Obligé ensuite de le restituer, il en avait conçu une haine profonde contre le monastère et en tirait vengeance en toute occasion.

Impuissants par eux-mêmes à empêcher ces excès, les religieux s’adressent au duc de Savoie, lui exposent que ses officiers du Bourget ne respectent ni leurs hommes, ni leurs biens, ni leur juridiction ; que spécialement leurs ser-

  1. Un vaste bâtiment était destiné aux écuries du comte de Savoie. La tradition veut qu’il ait été construit par le Comte-Vert.