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par ses exhortations et par sa propre présence. Étant à Hautecombe, il fut informé que le cardinal Alexandre de Médicis, légat du Saint-Siège à la cour de France, retournait à Rome et voulait passer par la Savoie et le Valais, tant pour s’aboucher avec lui que pour éviter les autres passages des Alpes, infestés de la peste.

Le sachant arrivé à Mâcon et réfléchissant que l’auguste voyageur, sans beaucoup se détourner de Seyssel, qu’il devait traverser, pourrait se rendre à Chanaz sur les bords du Rhône, Charles-Emmanuel résolut de l’aller voir en ce lieu.

« Il s’embarqua sur la frégate armée et ornée de ses flammes et gaillardets, et s’en vint ainsi, par le lac du Bourget, descendre dans la rivière de Savière et de là dans le Rhône, jusqu’au lieu où le cardinal se rafraîchissait en l’attendant[1]. »

De là, il se rendit à Chambéry pour ordonner la magnifique réception qui devait honorer le cardinal à Thonon, et écrivit à François de Sales qu’il s’y trouverait le 28 et le cardinal le 30 septembre.

Ces bons rapports entre l’abbé et le duc cessèrent peu de temps après. Charles-Emmanuel, rêvant toujours guerres et intrigues, s’empara, l’année suivante, du marquisat de Saluées par surprise, et cette nouvelle lutte avec la France se termina, après bien des tiraillements, par l’abandon en sa faveur du marquisat et la cession du Bugey et de la Bresse à la France. Pendant ces négociations, un vaste complot avait été tramé contre Henri IV ; les conspirateurs voulaient détrôner le roi, diviser la

  1. Carles-Auguste de Sales, Vie de saint François de Sales, t. I, p. 206.