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Il conseillait au pape de remplacer certaines communautés par des religieux plus édifiants, appartenant à un Ordre différent, de soumettre tous les monastères à une visite annuelle et à une répression sévère. Mais il ajoutait que ces visites ne devaient point être faites par des supérieurs de Savigny, de Cluny ou de Saint-Ruf, car « ils ne savent pas seulement ce que c’est que reformation. Puisqu’ils sont du sel gâté, comment pourront-ils servir pour saller et accomoder leurs inférieurs[1] ? »

En 1616, la guerre s’étant allumée dans le Genevois par les agissements du duc de Nemours, la ville d’Annecy, on danger d’être prise, fut défendue par le prince de Piémont, Victor-Amédée, qui descendit à la maison de l’évêque. Celui-ci profita de cette circonstance pour lui soumettre un projet de réforme des religieux et religieuses de son diocèse.

« La dépendance que les religieux ont de leurs abbez et prieurs commendataires, disait-il dans ce mémoire, engendre continuellement des procès, noises et riottes entr’eux. Il seroit donc peut estre à propos de séparer le lot et la portion des biens requis à l’entretenement des religieux, monastère et église, d’avec le lot et la portion qui pourraient rester à l’abbé ou prieur commendataire ; en sorte que les religieux n’eussent rien à faire avec l’abbé, ny l’abbé avec eux, puisque chacun d’eux auroit son faict à part, comme l’on a faict très utilement, à Paris, des abbayes de Sainct-Victor et de Sainct-Germain. Et par ce moyen les supérieurs cloistriers auroient ioute l’auttorité convenable pour bien réformer les monastères réduisans la portion des religieux en communauté.

  1. Vie de saint François de Sales, t. I, chap. vi.