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de Son Altesse Royale, des seigneurs abbés et prieurs commendataires et de tous autres tiers non ouïs[1]. »

Deux mois après l’installation de dom Antoine sur le siège d’Hautecombe, commencèrent les négociations relatives à son entrée au Sénat. On se rappelle que les abbés d’Hautecombe étaient appelés à en faire partie en vertu de l’édit de 1594, pourvu, toutefois, qu’ils fussent gradués et qu’ils fussent examinés par le Sénat « sur le faict de la justice. » Pour un membre de la famille régnante et un chef d’Ordre[2] il était dur de s’assujétir aux préparations et aux études nécessaires pour remplir ces deux conditions. À cette époque surtout, où le grand roi gouvernait la France et étendait sa domination si près d’Hautecombe, où sa tante, Christine de France, dirigeait par son influence la cour de Turin, il répugnait aux idées reçues que l’oncle du souverain subit un examen par-devant « les gens tenant le Sénat de Savoie. » Aussi, Madame Royale commença par faire demander au Sénat s’il était nécessaire que son beau-frère obtînt des lettres particulières de nomination au Sénat.

Cette compagnie, prévoyant les difficultés qui allaient naître, lui répondit la lettre suivante, dont les termes obséquieux et voilés témoignent de son embarras :

« Madame, « Nous rendons très humbles grâces à V. A. R. des bontés qu’elle nous a tesmoignées par la lettre qu’elle nous a fait l’honneur de nous escripre touchant la réception au Sénat du seigneur dom Antoine, après nous en avoir faict parler par M. nostre premier président. Sur quoy nous

  1. Archives du Sénat
  2. Comme supérieur de la Congrégation bénédictine de Saint-Michel de la Cluse.