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sion au trône d’Espagne, ouvre le XVIIIe siècle. Victor-Amédée, placé sous la tutelle du grand roi depuis le traité de Turin (29 août 1696), se décide à secouer le joug et embrasse le parti de l’empereur. Louis XIV prend l’offensive et, en septembre 1703, le maréchal de Tessé envahit la Savoie. Dégarnie de troupes, cette province ne pouvait résister et fut conquise en douze jours. Montmélian seul résista jusqu’au 17 décembre 1705[1]. Ce fut pendant les dix années de luttes et de calamités publiques qui suivirent qu’eurent lieu l’héroïque défense de Turin, la victoire du 7 septembre 1706, où Victor-Amédée, aidé du prince Eugène, culbuta l’armée française commandée par La Feuillade et reconquit en peu de temps la plupart des villes du Piémont. On sait que, la veille de la grande bataille perdue par les Français, le duc de Savoie se rendit sur un point élevé de la colline qui s’élève près de Turin pour y observer la situation respective des armées et qu’il fit vœu de construire un temple à la mère de Dieu s’il était vainqueur. Sur le belvédère de Superga (super erga), qui n’a peut-être pas son pareil pour l’étendue et la variété du panorama que l’œil peut y découvrir, s’éleva bientôt une basilique qui devint la nécropole des rois de Sardaigne, comme Hautecombe avait été celle des comtes de Savoie[2]. Tous nos rois y furent ensevelis, à l’exception de Charles-Emmanuel IV, mort à Rome et déposé dans l’église des Jésuites sur le mont Quirinal, et de Charles-Félix, inhumé à Hautecombe[3].

  1. Burnier, Histoire du Sénat de Savoie, t. II.
  2. L’année suivante, Victor-Amédée ordonna qu’une procession générale aurait lieu tous les ans le 8 septembre, jour anniversaire de la délivrance de Turin. Cette cérémonie, à laquelle toute la magistrature assistait en robe rouge, n’a été abolie en Savoie que depuis l’annexion.
  3. Les souverains qui reposent à Superga sont :