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souterrains d’Hautecombe et graver sur ces monuments renversés leurs noms alors oubliés ou proscrits[1].

Depuis 1804, Hautecombe ne fut que le centre d’une exploitation agricole. M. Landoz, devenu principal propriétaire, y avait consacré toute son activité. Il avait été surpris de trouver dans les vignobles renommés d’Hautecombe le pineau de Bourgogne, importé par les religieux, et communiquant aux vins du pays cette rare finesse et cette saveur framboisée que M. Francis Wey a remarquées dans les vins de Talloires, où cet heureux mélange de cépages de Bourgogne et de Savoie avait également été fait par les moines. Il s’attacha à cette propriété, en reboisa les sommets, et, le 30 Janvier 1824, il obtenait de Charles-Félix la faveur spéciale de pouvoir nommer un garde-bois.

Malgré l’affection qu’il portait à son domaine et aux utiles travaux qu’il y avait opérés, il s’empressa de le céder quand Charles-Félix lui témoigna le désir de le racheter. Voici en quels termes le roi lui faisait écrire, le 6 mars 1825, par le marquis d’Oncieu, son intermédiaire pour l’acquisition :

« J’ai retardé de répondre à votre gracieuse lettre du 22 février parce que je voulais prendre les ordres du roi et vous en rendre compte. Sa Majesté a agréé avec une sensible reconnaissance l’hommage que vous lui faites de la Trompette de Saint-Hubert, qui a appartenu à Philibert Ier dit le Chasseur, l’un de ses ancêtres, et du groupe sculpté représentant la Naissance de notre Sauveur[2]. Ce don est

  1. Lettres sur la royale abbaye d’ Hautecombe ; Gênes, 1827.
  2. Le groupe de la Nativité est au Musée royal à Turin. Son pendant, une Présentation, ne fut pas jugé digne d’être envoyé au roi, à cause de quelques mutilations. Retrouvé au fond d’un garde-meuble dans la maison de M. Landoz, transmis par héritage au docteur Guilland, ce dernier l’a fait figurer à l’exposition artistique organisée à Chambéry en 1863, et les amateurs ont pu y retrouver l’empreinte naïve et sobre des œuvres du xiiie siècle.