Page:Histoire de l'abbaye d'Hautecombe en Savoie.djvu/491

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 480 —

de santte Érine, patronne d’Hautecombe et des bateliers du lac du Bourget, dont la fête se célébrait solennellement, avec octave, le lundi de la Pentecôte, au milieu d’un grand concours des populations environnantes. Cette relique était alors exposée à la vénération publique[1]. Charles-Félix fit construire pour la recevoir une châsse d’argent et de vermeil ciselé qu’on voit aujourd’hui dans la sacristie.

La cour revint en Savoie en 1828 et en 1830. Elle était à Hautecombe au mois de juillet de cette dernière année, Charles-Félix formait le projet de déposer la couronne et d’y finir ses jours, quand lui arriva la nouvelle inopinée de la chute de Charles X. À cette explosion d’une révolution nouvelle, l’Europe tressaillit ; la Pologne et la Belgique y répondirent par deux autres révolutions. Les mécontents de tous les pays commencèrent à s’agiter. Charles-Félix, sentant que le trône était menacé, le conserva. Il était presque à la frontière de la France, n’avait avec lui que dix-huit hommes de garde et pouvait craindre un coup de main de quelques énergumènes français. Néanmoins, il resta à Hautecombe, sûr de l’affection et de l’appui de ses fidèles Savoisiens. De là, il écrivit à Charles-Albert, prince héréditaire ; de là, il exposa aux monarques d’Europe le véritable état des choses et pourvut à la défense de ses propres États[2].

Il résida sur le promontoire solitaire d’Hautecombe du 25 juillet au 5 août, et repassa le Mont-Cenis le 13 août, se promettant de revoir bientôt notre province.


Hélas ! après un an, fidèle à sa promesse,
Il revint…, mais la mort avait fermé ses yeux[3] !

  1. Registres de l’archevêché de Chambéry.
  2. Cibario, Altac.
  3. Le Luth des Alpes, par Mlle Jenny Bernard.