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d’Hautecombe, a Haimeric, chancelier de l’Église romaine à cette époque. Or, Haimeric paraît pour la dernière fois comme chancelier le 20 mai 1141. Par conséquent, la cessation des fonctions d’Haimeric prouve aussi que Vivian n’a point été abbé après 1141, et qu’il précéda Amédée, encore abbé d’Hautecombe au commencement de 1144[1].

Retenant donc que Vivian était abbé d’Hautecombe en 1135, et peut-être dès 1125, nous devons suivre l’opinion la plus probable et admettre avec Manrique qu’il conserva cette dignité jusqu’en 1139. Cette même année, saint Amédée lui succéda et reçut, pendant sa prélature, l’acte de fondation de la nouvelle abbaye, ou plutôt la confirmation de cette fondation, faite en 1135, probablement sans acte solennel. Ce qui le prouve encore, c’est que le titre de fondation parle d’une « terre appelée autrefois Charaïa et maintenant Hautecombe. » Ainsi, au moment où il fut passé (entre 1139 et 1144), le nom de Charaïa ou Charaya avait déjà été changé, et il l’avait été lors de l’arrivée des moines, qui précède : de plusieurs années la rédaction de ce titre.

D’après une chronique de l’abbaye de Fosseneuve, au diocèse de Terracine, ce dernier monastère aurait été fondé cette même année (1135), par une colonie venue d’Hautecombe. Ce fait paraîtra peu vraisemblable quand on se rappellera que les statuts de l’ordre de Cîteaux défendaient à tout abbé de recevoir une terre pour fonder un nouveau monastère, a moins que son abbaye ne possédât soixante religieux profès et, d’autre part, que l’abbaye d’Hautecombe, à peine établie, était loin d’être prospère.

  1. V. Grémaud, Homélies de saint Amédée, précédées d’une notice historique ; Romont, 1866. — Jaffé, Regesto pontificorum romanorum, p. 560.