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l’espoir d’un héritier guida souvent sa main dans l’accomplissement de ces saintes œuvres.

Parmi les maisons religieuses qui le reconnaissent pour leur fondateur, nous en trouvons une qui, mieux que touteautre, a transmis son nom a la postérité, c’est celle dont nous écrivons l’histoire.

Nous avons vu que, vers 1125, les religieux de Cessens vinrent se fixer sur la rive occidentale du lac du Bourget, qu’ils s’établirent sur un sol couvert de bois et de rochers, concédé sans titre ou abandonné sans opposition à ces pieux colons. Quels que fussent leurs droits a leur arrivée, il est avéré aujourd’hui que la concession authentique de la terre de Charaïa ne leur fut pas octroyée au moment de leur installation, et, sans pouvoir assigner à cette charte une date précise, on doit la reporter entre les années 1139 et 1144, période pendant laquelle saint Amédée présida aux destinées de l’abbaye. Nous allons nous en convaincre en esquissant la biographie de cet illustre personnage.

Il naquit vers l’an 1110 au château de Chatte[1], près de Saint-Antoine, dans le Dauphiné. Son père, Amédée de Clermont, seigneur d’Hauterive et de plusieurs autres bourgs et châteaux, était neveu de Guigue, comte d’Albon, et parent de l’empereur d’Allemagne. Son illustre origine brillait dans sa personne. Courageux à la guerre, prévoyant dans ses desseins, gai et aimable[2], il réunissait

  1. Chatte ou Chaste est une commune du canton de Saint-Marcellin (Isère) à 3 kilomètres au sud-ouest de cette ville. C’est par erreur que la plupart des biographes de saint Amédée le font naître à la Côte-Saint-André — Voir, pour plus de détails, la Notice historique sur saint Amédée, par M. l’abbé Grémaud, qui nous a beaucoup servi dans cette partie de notre travail.
  2. Manrique, Annales cisterc., I, 103.