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d’Hautecombe de faire partir pour Montpellier, où devaient passer les députés du roi de Sicile, « son père ou un autre messager raisonnable et discret » pour l’on-user et répondre que la communauté était instituée et partirait quand le roi aurait fait connaître sa volonté à ra sujet, mais qu’il y aurait péril à envoyer ainsi a l’étranger deux religieux devant vivre sans être gardés[1].

Amédée d’Hauterive ne resta pas de longues années à la tête de son abbaye. Sa réputation s’étendit au loin, et l’évêché de Lausanne étant devenu vacant par la résignation de Guy de Marlanie, il y fut appelé par les unanimes acclamations du clergé et du peuple. L’étendue de ce diocèse, les violences et les usurpations alors fréquentes demandaient un prélat d’une grande fermeté, versé dans la connaissance des hommes, et politique autant que juste. Se croyant indigne d’un pareil honneur, il refusa la dignité à laquelle il était appelé, préférant se dévouer toujours à la prospérité de son monastère : mais il dut céder à un ordre du Souverain Pontife.

Il fut sacré évêque le 21 janvier 1145, jour où l’Église célèbre la fête de sainte Agnès. Le 21 janvier avait été, d’après une tradition consignée dans le Cartulaire de Lausanne, celui de sa nnaissance, celui où il commença l’étude des lettres, celui où il embrassa la vie monastique, et enfin celui où il fut fait abbé et ensuite évêque.

Cette même année, un autre disciple de saint Bernard monta sur le trône pontifical sous le nom d’Eugène III.

Connu de cet ancien moine de Clairvaux comme il l’était

  1. Cette lettre, la seule connue qui ait été adressée par saint Bernard au bienheureux Amédée d’Hauterive, a été publiée par l’abbé Migne, Patrologie, vol. CLXXXII, col. 640. — Nous en donnons le texte aux Documents, n° 5.