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phe Ier, eut lieu la mort de celui dont les vertus et les talents avaient donné de solides fondements à notre abbaye : Amédée d’Hauterive. Nous l’avons laissé faisant rédiger les droits respectifs de l’évêque-comte et des habitants de Lausanne, et étendant à tout son diocèse les heureux effets de son esprit d’organisation. L’empereur d’Allemagne, après l’avoir vu plusieurs fois parmi les dignitaires de sa cour, à Besançon (13 février 1153), à Payerne, à Spire (1154) et à Worms, le nomma, l’année suivante (1155), son chancelier, et lui conféra en même temps le droit important d’accorder et de révoquer les bénéfices, de confirmer les donations et de citer devant lui non-seulement les ecclésiastiques, mais encore les barons laïques, en qualité de vicaire impérial[1].

Malgré ces hautes prérogatives, Amédée eut souvent à lutter contre les seigneurs qui l’entouraient. L’avouerie, soit la charge de juge dans les possessions de l’évêché, étant inféodée aux comtes de Genevois, quelques-uns de ces dynastes profitèrent de cette ingérence dans les affaires de l’évêque pour empiéter sur ses droits. De là, de longues contestations. — Un autre de ces comtes fait élever aux portes de Lausanne un château-fort destiné à dominer la ville, et entraîne dans une révolte ouverte une partie des sujets de l’évêque, qui se voit obligé de quitter sa résidence où il n’est plus en sûreté. Amédée se réfugie à Moudon, et là encore il se trouve au milieu d’ennemis ; il y est blessé, dépouillé, et prend nu-pieds le chemin de l’exil. Grâce à sa prudence, il put rentrer plus tard dans

  1. Frédéric Ier, Barberousse, deuxième empereur de la maison de Souabe, avait succédé, en 1152, à son oncle Conrad III. Nous aurons plusieurs fois à toucher à l’histoire de ce règne aussi important que prolongé, qui ne prit fin qu’en 1190.