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HISTOIRE DES

uent iuſques au dernier ſouſpir (car il mourut fort doucement, & auec l’entendement bon & entier) de ces paroles : Miſerere mei fili Dauid, Ieſu fili Dauid miſerere mei. Item, O mere de Dieu, ſouuenés vous de moy. Ainſi eſchappé des temspeſtes & orages de ce monde, arriua à vn port par la grace de Dieu, beaucoup plus aſſeuré que celuy de Cantaon, le ſecond ieur de Decembre, l’an de grace 1552. & de ſon ſeiour & demeurance au païs des Indes, l’onzieſme.

Son corps fut enterré auec les accouſtremẽs de preſtre, & couuert de chaux viue, comme il auoit ordõné à ſes amis, mais leur deſſein eſtoit, d’emporter auec eux à leur retour les os tous nuds es Indes. Et de faict, trois mois apres ils reuindrent, & l’ayant deterré, ils ne le trouuerent pas ſeulement tout entier, mais ſes veſtemens meſmes n’eſtoyent aucunemens alterés, rendãt diuerſes odeurs merueilleuſement plaiſantes & agreables. Si le chargerent ſur leur vaiſſeau, enfermé dedans la meſme caiſſe de chaux viſue, & l’amenerent à Malaca, où il fut receu auec grande reuerence, & deuotion du peuple : & tout auſſi toſt qu’il y fut apporté, la peſte & la famine ceſſerent, qui affligeoyent & tourmentoyent grandement la ville. Apres qu’il eut demeuré enterré à Malaca quelques mois, il fut tranſporté à Goa, mais ce ne fut pas ſans vn