Page:Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v9.djvu/114

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trouve peu d’ardeur pour le travail, & rarement ſont-ils bons cultivateurs. Quoiqu’ils aient le gouvernement Anglois, les loix n’ont que très-peu de force. Leurs mœurs domeſtiques ſont meilleures que leurs mœurs ſociales ; & il eſt preſque ſans exemple qu’un homme ait eu quelque liaiſon avec une eſclave. C’eſt le porc, c’eſt le lait, c’eſt le mais qui font leur nourriture ; & l’on n’a d’autre intempérance à leur reprocher qu’une paſſion démeſurée pour les liqueurs fortes.

Les premiers malheureux, qu’un ſort errant jeta ſur ces ſauvages rives, ſe bornoient à couper du bois qu’ils livroient aux navigateurs qui ſe préſentoient pour l’acheter. Bientôt, ils demandèrent au pin qui couvroit le pays, de la térébenthine, du goudron, de la poix. Pour avoir de la térébenthine, il leur ſuffiſoit d’ouvrir, dans le tronc de l’arbre, des ſillons qui, prolongés juſqu’à ſon pied, aboutiſſoient à des vaſes diſposés pour la recevoir. Vouloient-ils du goudron ? Ils élevoient une platte-forme circulaire de terre glaiſe, où ils entaſſoient des piles de pin : on mettoit le feu à ce bois, & la réſine en découloit dans des barils placés