Page:Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v9.djvu/145

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tenez mon arme tranchante, frappez de toute votre force : loin de séparer ma tête de mon corps, vous n’entamerez pas ſeulement la peau de mon cou ».

À peine eut-il prononcé ces mots, que l’Indien déchargeant le coup le plus terrible, fit fauter à vingt pas la tête du ſergent. Les ſauvages étonnés reſtèrent immobiles, regardant le corps ſanglant de l’étranger ; puis tournant leurs regards ſur eux-mêmes, comme pour ſe reprocher les uns aux autres leur ſtupide crédulité. Cependant admirant la ruſe qu’avoit employée le priſonnier pour ſe dérober aux tourmens en abrégeant ſa mort, ils accordèrent à ſon cadavre les honneurs funèbres de leur pays. Si ce fait n’a pas toute la vérité que ſemble lui aſſurer ſa date, trop récente pour donner du poids à une fiction, ce ne ſera qu’un menſonge de plus dans les relations des voyageurs.

XXII. La Floride eſt cédée par la cour de Madrid à la Grande-Bretagne.

Le traité de paix de 1763 fit paſſer au pouvoir des Anglois la Floride, qui, vingt-trois ans auparavant, avoit réſiſté à la force de leurs armes. Il n’y avoit alors que ſix cens habitans. C’eſt par la vente de leurs