Page:Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v9.djvu/158

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détroit qui lient l’Aſie à l’Amérique par l’extrémité du Septentrion. Elle auroit alors toutes les portes du commerce dans ſes mains par de vaſtes colonies ; elle en auroit toutes les clefs par ſes nombreuſes flottes. Elle aſpireroit, peut-être, à prédominer ſur les deux mondes, par l’empire de toutes les mers. Mais tant de grandeur n’entre pas dans la deſtinée d’un ſeul peuple. Interrogez les Romains. Eſt-il donc ſi flatteur d’exercer une immenſe domination, puiſqu’il faut tout perdre quand on a tout conquis ? Interrogez les Eſpagnols. Eſt-on donc ſi puiſſant d’embraſſer dans ſes états une étendue de terres que le ſoleil ne ceſſe d’éclairer, s’il faut languir obſcurément dans un monde quand on règne dans un autre ?

Les Anglois ſeront heureux s’ils peuvent conſerver, par la culture & la navigation, un empire toujours trop grand dès qu’il leur coûte du ſang. Mais puiſque l’ambition ne s’étend qu’à ce prix, c’eſt au commerce de féconder les conquêtes d’une puiſſance maritime. Rarement la guerre valut-elle au vainqueur des champs plus dociles à l’induſtrie humaine, que ceux du continent ſeptentrional

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