Page:Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v9.djvu/166

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repoſe ſur un arbre ou ſur un pieu voiſin ; il y reſte quelques minutes, & revole aux fleurs. Malgré ſa foibleſſe, il ne paroît pas méfiant ; les hommes peuvent s’approcher de lui, juſqu’à huit ou dix pieds.

Croiroit-on qu’un être ſi petit fût méchant, colère & querelleur ? On voit ſouvent ces oiſeaux ſe livrer une guerre acharnée, & des combats opiniâtres. Leurs coups de bec ſont ſi vifs & ſi redoublés, que l’œil ne peut les ſuivre. Leurs ailes s’agitent avec tant de viteſſe, qu’ils paroiſſent immobiles dans les airs. On les entend plus qu’on ne les voit. Ils pouſſent un cri ſemblable à celui du moineau.

L’impatience eſt l’âme de ces petits oiſeaux. Quand ils approchent d’une fleur, s’ils la trouvent fanée & ſans ſuc, ils lui arrachent toutes ſes feuilles. La précipitation de leurs coups de bec, décèle, dit-on, le dépit qui les anime. On voit, ſur la fin de l’été, des milliers de fleurs, que la rage des oiſeaux-mouche a tout-à-fait dépouillées. Cependant on peut douter que cette marque de reſſentiment ne ſoit pas une ſorte de faim, plutôt qu’un inſtinct deſtructeur ſans beſoin.