Page:Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v9.djvu/196

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les rivalités & les antipathies naturelles, tantôt à oblitérer le caractère des nations : comme ſi l’accord tacite de leurs maîtres eût été de les aſſujettir les unes par les autres au deſpotiſme qu’ils avoient ſu leur préparer de longue main. N’en doutez pas, peuples qui gémiſſez tous, plus ou moins ſourdement, de votre condition. Ceux qui ne vous ont jamais aimés, en ſont venus à ne vous plus craindre. Une ſeule iſſue vous reſtoit dans l’extrémité du malheur : celle de l’évaſion & de l’émigration. On vous l’a fermée.

Des princes ſont convenus entre eux de ſe rendre, non-ſeulement les déſerteurs, qui, la plupart enrôlés par force ou par fraude, ont bien le droit de s’échapper : non-ſeulement les brigands qui ne devroient en effet trouver de refuge nulle part ; mais indiſtinctement tous leurs ſujets, quel que ſoit le motif qui les ait forcés à quitter leur patrie. Ainſi vous tous, malheureux laboureurs, qui ne trouvez ni ſubſiſtances, ni travail dans les pays ravagés & deſſéchés par les exactions de la finance, mourez où vous avez eu le malheur de naître ; il n’eſt plus d’aſyle pour vous que ſous terre. Vous tous artiſans, ou-